vendredi 26 février 2010

Le Sentier, Paris 2ème










Le quartier du Sentier est l'un des plus vieux de Paris. Quartier des voleurs et des mendiants, il a longtemps eu une très mauvaise réputation, c'est dans l'actuelle rue du Nil que se serait trouvée la fameuse Cour des miracles.
On y trouve les rues d'Alexandrie, du Nil, du Caire, d'Aboukir, nommées ainsi par les Parisiens fascinés par l'expédition napoléonienne en Egypte. On peut d'ailleurs voir Place du Caire un exemple de l'architecture dite "retour d'Egypte".
Le quartier du Sentier aujourd'hui évoque surtout le textile. Or, traditionnellement, les métiers de la couture ont surtout été investis par les immigrés. Le Sentier a connu plusieurs vagues migratoires, dans un premier temps les Juifs de Turquie et de Grèce, suivis de ceux d'Europe de l'Est et d'Afrique du Nord. Puis sont arrivés Arméniens, Turcs, Pakistanais et Chinois.
Plusieurs communautés cohabitent donc dans le Sentier avec semble t-il une certaine répartition ethnique des métiers. En tout cas visiblement le business des chariots est entre les mains des asiatiques...





mardi 23 février 2010

dimanche 21 février 2010

Les habitants de Botkyrka



Les vendeurs de tours Eiffel, Paris, été 2009

En ce moment au Jeu de Paume à Paris, on peut voir le travail d'Esther Shalev-Gerz, artiste née en Lituanie, qui a grandi en Israël et qui vit désormais à Paris. Esther Shalev-Gerz s'intéresse notamment à la mémoire individuelle et collective, au temps et à l'espace.
Une des salles de l'exposition est consacrée aux habitants de Botkyrka en Suède. L'artiste a interrogé 35 personnes primo migrantes, de toutes origines, leur posant à toutes les quatre mêmes questions: En venant vous installer ici, qu'avez-vous perdu? Qu'avez-vous trouvé? Qu'avez-vous reçu? Qu'avez-vous donné?
Les réponses sont présentées sur un grand mur qui fait face à un autre mur sur lequel sont projetés des gros plans des personnes interrogées confrontées à leurs propres réponses. Voici quelques-unes des réponses que l'on peut lire:
"Je réponds que mon chez moi c'est la petite ville d'où je viens, c'est mon vrai chez moi, mais mon coeur bat pour Botkyrka. J'aime tellement la vie ici, si Botkyrka était une personne, je lui dirais je t'aime"
"J'ai perdu ma femme ici. Elle repose à Lilla Dalen. Depuis, la Suède est devenue encore plus mon pays"
"Sarajevo, c'est comme Stockholm, beaucoup de théâtres, de cinémas. J'aimerais dire à Stockholm, aux gens de Stockholm, merci beaucoup, un grand merci. Grâce à vous j'ai survécu"
" Ca on peut aussi le remettre en question, à savoir si la première génération dont je fais partie veut être totalement acceptée. Ce n'est pas certain. En mon for intérieur, je veux garder mon bagage, je veux le garder tout en m'adaptant à la société"
"Ce que j'ai gagné en restant ici? Mes dents par exemple. En Pologne j'avais peur d'aller chez le dentiste, j'étais bien parti pour perdre toutes mes dents, mais je n'en n'ai perdu que deux et j'ai trouvé un bon dentiste ici. Je continue à aller chez lui, c'est un ange".
...
Par ce procédé finalement assez simple, Esther Shalev-Gerz parvient très bien à montrer l'individualité de chaque migration, c'est une oeuvre très réussie.

vendredi 19 février 2010

Etoile des neiges


Je ne sais pas vous, mais moi l'idée du Grand Rabbin Sitruk et du Rav Menashé lançant un débat sur les Mitzvot dans la queue pour les forfaits me met totalement en joie...
Très bonnes vacances à toutes les personnes qui se sont inscrites pour un séjour à Allevard!
Et bon week end.
(Photo prise rue des Rosiers, Paris 4ème)

mercredi 17 février 2010

La créolisation du monde

Il y a quelques années, j'ai eu l'occasion d'assister à une conférence de Robin Cohen qui enseigne la sociologie à l'Université d'Oxford et de Warwick. Robin Cohen a consacré une partie de ses recherches aux diasporas et au cosmopolitisme. Voici ce qu'il nous dit:
La globalisation économique et financière s'accompagne de plusieurs formes de globalisation des cultures moins visibles. Il est désormais difficile de localiser une culture car celle-ci n'est plus matérielle et géographique, mais au contraire déterritorialisée. Face à cette globalisation, les recherches se sont concentrées sur trois paradigmes analytiques:
- l'inévitabilité des conflits et le fameux choc des civilisations défendu par Samuel Huntington
- la "macdonaldisation" du monde, c'est-à-dire l'homogénéisation des cultures
- la créolisation du monde, développée par Robin Cohen
La créolisation du monde remettrait en cause les concepts d'éthnie ou de communauté puisque de plus en plus de personnes présentent un héritage culturel mixte.
Je sens déjà que vous vous interrogez à ce stade de la réflexion, diaspora et créolisation sont-ils des concepts opposés? Dans une certaine mesure, oui, mais bien sûr il y a des recoupements. Robin Cohen définit la diaspora comme un processus qui implique la recherche d'une identité passée, tandis que la créolisation est une entreprise créative qui donne naissance à une nouvelle culture et à une nouvelle identité sociale. Cependant, il est intéressant de noter que dans certaines situations, des populations créoles ont formé une diaspora, comme les Mauriciens en Australie par exemple.
La créolisation ne concerne pas vraiment un groupe, mais se constitue davantage comme un ensemble de consciences individuelles. Ce phénomène est difficilement mesurable et demeure pour l'instant essentiellement urbain. Mais Robin Cohen voit dans la créolisation du monde un processus de pacification des relations internationales.

dimanche 14 février 2010

Défilé du dragon, place de l'hôtel de Ville











Très bonne année du Tigre!






samedi 13 février 2010

Acculturation ou marketing?

Voilà le genre d'enseigne qui suffit à faire mon bonheur pour la journée. Quand je pense qu'un cybercafé indo-breton est obligé de fermer, je me dis que les gens aujourd'hui sont vraiment difficiles à satisfaire...

Bon week end.

jeudi 11 février 2010

Philippe Bordas à la MEP




Pour sa nouvelle saison, la Maison Européenne de la Photographie présente le travail de l'écrivain et photographe Philippe Bordas. Ses photos sont superbes et parfaitement mises en valeur par l'éclairage de la MEP. Il propose un regard relativement inhabituel sur l'Afrique, on peut y voir notamment l'écrivain Frédéric Bruly Bouabré, ainsi qu'une série incroyable sur l'armée ressucitée des chasseurs d'Afrique de l'Ouest.
Pour être honnête, je ne connais rien à l'histoire de l'Afrique Subsaharienne avant le 19ème siècle. J'ai un peu honte, mais les responsabilités sont partagées, en 21 ans de scolarité, on ne m'a pas parlé une seule fois de l'histoire du continent africain. C'est à se demander si en Afrique les siècles se sont succédés identiques les uns aux autres. On ne peut même pas dire que l'histoire de l'Afrique soit dévalorisée, elle est juste zappée. Tout cela pour dire que lors de cette exposition, j'ai entendu parler pour la première fois de l'Empire du Mali et du roi Soundjata Keïta (1190 - 1255). Apparemment, l'Empire de Keïta s'étendait du Sahara jusqu'à la forêt équatoriale, de l'Océan Atlantique à la boucle du Niger et fut une période de paix et de prospérité...
(Les photos ci-dessus sont des détails des photos de Philippe Bordas, elles ne respectent pas exactement ses cadrages).
On peut voir l'exposition jusqu'au 4 avril au 5/7 rue de Fourcy, à Paris.

mardi 9 février 2010

Quid de la diaspora israélienne?

Diamond Street, New York City

Historiquement, le mot diaspora renvoyait uniquement aux juifs. Aujourd'hui, on parle communément de "juifs de la diaspora" en opposition aux juifs installés en Israël. Depuis que l'Etat d'Israël existe et que ses habitants (du moins une partie) ont la nationalité israélienne, s'ajoute aux juifs de la diaspora une diaspora israélienne constituée de citoyens israéliens ayant quitté Israël. Ce premier point ayant été exposé de façon tout à fait limpide, je passe au second.

A priori, quitter Israël n'est pas franchement bien considéré. Les émigrants juifs (ceux qui quittent Israël donc) sont appelés Yordim (de Yerida, la chute), mais dans le contexte éminemment particulier du conflit israélo-palestinien, les rapports entre Israël et la diaspora israélienne sont un peu plus compliqués que cela...

Gideon Levy, correspondant du journal israélien Haaretz analyse aujourd'hui la décision du gouvernement de Nétanyahu d’autoriser les expatriés israéliens à voter à distance, eux qui hier encore étaient considérés comme des traitres. Dans un pays où une partie des citoyens a des droits réduits, où les partisans de la gauche sont considérés comme de mauvais patriotes et où la participation à l’effort de guerre est obligatoire, ouvrir le droit de vote à des personnes qui n’habitent plus en Israël depuis des décennies est plutôt cynique pour l’auteur de l’article.

On comprend facilement que la droite israélienne au pouvoir souhaite bénéficier de ces nouvelles voix et endiguer la "menace" démographique, mais ainsi que le souligne ironiquement le journaliste, pourquoi ne pas autoriser demain les juifs de la diaspora à prendre part à la vie politique israélienne ?

Au-delà de la légitimité des Israéliens expatriés à participer aux élections, Gideon Levy s’inquiète de leur positionnement politique. Une partie des Israéliens expatriés a un discours sioniste militant, ils souhaitent un renforcement des moyens militaires et une poursuite de la colonisation. Le journaliste estime qu’il est facile d’être nationaliste quand on vit à Manhattan et que l’on laisse les habitants d’Israël payer les pots cassés.

Pour lire l'article de Gideon Levy: http://www.haaretz.com/hasen/spages/1148527.html

lundi 8 février 2010

Guerre froide sur la Côte d'Azur






La famille impériale de Russie aimait beaucoup la Côte d'Azur et séjournait régulièrement à Nice. Une colonie russe aisée a commencé à se constituer sur la côte française au 19ème siècle.
La cathédrale Nicolas II a été construite entre 1903 et 1912 sous l'impulsion d'Alexandre II, à l'endroit même où son fils, le Tsarévitch Nicolas Alexandrovitch était mort d'une méningite à l'âge de 20 ans.
La cathédrale orthodoxe de Nice est considérée comme la plus grande au monde en dehors de Russie.
Depuis 2006, un conflit oppose l'association cultuelle orthodoxe de Nice à l'Etat russe qui revendique la propriété de l'Eglise en se fondant sur un bail emphytéotique de 99 ans signé en 1909.
Le 20 janvier 2010, le tribunal de grande instance de Nice a attribué à la Fédération de Russie la propriété de la Cathédrale, du terrain ainsi que de toutes les oeuvres d'art qui s'y trouvent.
Les conséquences de cette décision ne sont pas encore claires. Pour la ville de Nice, la Cathédrale constitue un atout touristique majeur. Le recteur de l'Eglise russe lui y voit un enjeu religieux. Pendant la révolution russe, l'Eglise russe de Nice s'est affiliée à l'archevêché de Constantinople, la décision du TGI de Nice permettrait au patriarcat de Moscou de reprendre la main sur l'Eglise niçoise...
Ce conflit semble un peu anachronique, toujours est-il que la Cathédrale orthodoxe est très belle et vaut le détour.


samedi 6 février 2010

Chinatown, New York City







New York est un peu la capitale des diasporas, la rolls royce des quartiers communautaires.



vendredi 5 février 2010

Le club des policiers yiddish

Courrier International publie cette semaine un article du journal anglais The independent très intéressant. Le quartier londonien de Stamford Hill est le lieu de résidence d'une communauté juive orthodoxe. Depuis deux ans, ils ont crée une patrouille d'intervention, les Shomrim (en référence aux groupes crées aux Etats-Unis dans les années 1980).
Les Shomrim disposent d'un standard d'urgence et de patrouilleurs. D'un point de vue statistique, il semblerait que les Shomrim soient assez efficaces (au regard du nombre de suspects arrêtés). Cependant, la police officielle ne voit pas cela d'un bon oeil. D'une part les policiers se sentent remis en cause et insultés, d'autre part, l'idée d'une communauté se dotant d'un service de sécurité est plutôt inquiétante. La police craint un effet domino vis-à-vis des autres communautés qui pourraient se sentir menacées.
Les arguments avancés par la communauté juive orthodoxe sont à la fois intéressants et inquiétants. Au-delà de la hausse de la criminalité dans le quartier et de l'insuffisante réaction des forces de police, ils soulignent la barrière linguistique et culturelle qui rend difficile pour certains juifs d'entrer en contact avec la police. Sur ce point, on a un peu le sentiment que la communauté est "punie par là où elle a pêché". Les diasporas permettent une vie communautaire parfois proche de l'autarcie dont on voit ici les biais.
(Le club des policiers yiddish est le titre d'un roman de Michael Chabon qui n'a rien à voir avec les Shomrim de Stamford Hill)

jeudi 4 février 2010

"Travailler avec les diasporas"


Les diasporas, du fait de leur position intermédiaire entre le pays d'origine et le pays d'accueil et de leur organisation réticulaire (plus ou moins importante), présentent un intérêt croissant pour les acteurs politiques et sociaux.

Le 12 février 2010, l'Institut de formation des élus territoriaux (IFET), la Centre national d'histoire de l'immigration, le Partenariat eurafricain et la revue Hommes & Migrations organisent une formation "Travailler avec les diasporas dans les collectivités locales" qui est tout à fait symptomatique de cette évolution.

La place des diasporas dans le développement solidaire fait partie des sujets qui seront évoqués.

mercredi 3 février 2010

Little Jaffna






Le quartier de la Chapelle, dans le 10ème, est surtout occupé par des Tamouls. En réalité, peu habitent vraiment le quartier, ils viennent y travailler, acheter, se rencontrer.
Les murs du quartier sont souvent recouverts d'affichettes; j'imagine qu'il s'agit d'annonces de décès. Sur l'une d'elles on peut voir que la personne ne vivait pas dans le quartier, mais dans le Val de Marne, ce qui confirme le fait que la Chapelle est avant tout un lieu de sociabilité.
Je remarque qu'il n'y a pas de femmes dont on annonce le décès, je ne sais pas s'il s'agit d'un hasard ou d'une tradition.