lundi 31 mai 2010

C'est lundi, c'est Rivoli (10)


C'est lundi, bonne semaine.

samedi 29 mai 2010

Quartier de la Guillotière, Lyon






Partie en week-end à Lyon, je n'avais qu'une idée, visiter le quartier de la Guillotière (et goûter la brioche aux pralines, certes...) que mon guide présentait comme une "mosaïque fascinante de cultures" et où il me conseillait d'aller "humer les odeurs d'épices, la meilleure façon de savourer le quartier".
Arrivée sur place, je me suis retrouvée dans un quartier essentiellement masculin, très sympa à visiter, mais un peu intimidant du coup. Résultat des photos volées, prises rapidement sans viseur.
Ce qui me fait penser à la très belle exposition de Michaël Von Graffenried, actuellement visible à la Maison Européenne de la Photographie. Le photographe fait partie des rares personnes qui ont couvert la guerre civile en Algérie. Comme le climat était très tendu, prendre des photos était relativement délicat. La plupart de ses photos ont été volées, prises au hasard, l'appareil au niveau de la taille. Le résultat est assez impressionnant. (Expo jusqu'au 13 juin)
 

lundi 24 mai 2010

C'est lundi, c'est Rivoli (9)

C'est lundi, bonne semaine.

vendredi 21 mai 2010

Cimetière musulman, Bobigny








Un peu difficile à trouver, perdu au milieu d'une zone industrielle, mais encore plus émouvant à l'arrivée. Beaucoup de vieilles tombes des années 1960, cachées dans les hautes herbes, avec des photos de couples prises en studio, exactement comme on imagine les premières générations de migrants algériens. Et puis au milieu, le carré militaire des soldats morts pour la France, ses tombes blanches et ses géraniums roses.



mardi 18 mai 2010

Hôpital Avicenne, Bobigny




Si quelqu'un reconnaît cette langue en bas à gauche (au dessus de Bine ati venit), j'aimerais beaucoup savoir de quoi il s'agit.


Nous sommes dans les années 1920, Paris souffre d'une sévère recrudescence des cas de tuberculose. Pour endiguer le fléau, le corps médical tente d'identifier les principaux porteurs de germes. Les pauvres et les étrangers qui vivent dans les bidonvilles de la région parisienne sont rapidement désignés comme étant à l'origine de l'épidémie. On reproche aux étrangers de monopoliser les lits d'hôpitaux aux dépens des français.
Dans ce contexte, Pierre Godin, conseiller municipal de la ville de Paris, propose la création d'un hôpital réservé aux malades franco-musulmans (comprendre Algériens). Ancien préfet en Algérie, M. Godin s'impose vite comme un spécialiste des questions Nord Africaines; pour assurer le financement de l'hôpital, il compte sur des subventions venant des colonies. Il estime par ailleurs que le mode de vie musulman et leur régime sobre devrait permettre des économies substantielles.
La création d'un hôpital franco-musulman doit permettre d'isoler les malades algériens, responsables de l'épidémie de tuberculose, mais Pierre Godin y voit bien d'autres avantages. L'hôpital va permettre aux Algériens de se retrouver entre eux, de ne pas se sentir isolés dans un pays qui leur est étranger. L'hôpital sera adapté aux pratiques religieuses des musulmans et respectera notamment leurs coutumes alimentaires, les plats seront alternativement français ou maghrébins, il n'y aura ni porc, ni vin (tous ceux qui ont eu la chance d'être hospitalisés en France savent que l'on y sert un petit vin rouge fameux).
L'hôpital Avicenne est inauguré en 1935, on doit son architecture à Léon Azéma, architecte de la ville de Paris et à Maurice Mantout, également architecte de la grande Mosquée de Paris, tous les deux sont de grands amateurs de l'architecture mauresque.
Afin d'optimiser l'occupation des lits, tous les malades algériens hospitalisés sur Paris sont déplacés à Bobigny par cars de ramassage. Outre le fait que l'hôpital est construit dans une zone marécageuse, en face d'une société de vidange, il est également très mal desservi. Très vite, les malades se plaignent d'être loins de leur famille qui ne peut leur rendre visite. Certes, ils sont au sein de la grande famille algérienne, mais pour un certain nombre, adaptés à la vie française, ce n'est qu'un réconfort relatif. Ils commencent à s'indigner contre cette hospitalisation forcée, se sentant mis en quarantaine. En 1937, prés de 600 algériens refusent l'hospitalisation à Bobigny.
C'est dans cet hôpital qu'exerce Marie-Rose Moro, dont j'ai parlé à plusieurs reprises. Pour l'anecdote, Jacques Brel y serait décédé, en 1978.
Pour en savoir plus: Sophia Lamri, "L’hôpital franco musulman de Bobigny : une œuvre unique de ségrégation coloniale (1926-1935)", In Histoire de l’immigration et question coloniale en France, Sous la direction de Nancy L. Green et Marie Poinsot, La documentation française, 2008.

lundi 17 mai 2010

C'est lundi, c'est Rivoli (8)


C'est lundi...



Et puis, j'ai décidé qu'il était temps de passer le périph, cette semaine on part en goguette dans la banlieue rouge, je vous emmène à Bobigny...

samedi 15 mai 2010

mercredi 12 mai 2010

Les mots

Mur de Meknès, Maroc.

...Tout ce que vous voudrez, oui monsieur, mais ce sont les mots qui chantent, les mots qui montent et qui descendent... Je me prosterne devant eux... Je les aime je m'y colle, je les traque, je les mords, je les dilapide.. .J'aime tant les mots ..Les mots inattendus.. Ceux que gloutonnement on attend, on guette, jusqu'à ce qu'ils tombent soudain.. Termes aimés... Ils brillent comme des pierres de couleurs, ils sautent comme des poissons de platine, ils sont écume, fil, métal, rosée... Il est des mots que je poursuis... Ils sont si beaux que je veux les mettre tous dans mon poème... Je les attrape au vol quand ils bourdonnent et je les retiens, je les nettoie, je les décortique, je me prépare devant l'assiette, je les sens cristallins, vibrants, éburnéens, végétaux, huileux, comme des fruits, comme des algues, comme des agates, comme des olives... Et alors, je les retourne, je les agite, je les bois, je les avale, je les triture, je les mets sur leur trente et un, je les libère... Je les laisse comme des stalactites dans mon poème, comme des bouts de bois poli, comme du charbon, comme des épaves de naufrage, des présents de la vague... Tout est dans le mot... Une idée entière se modifie parce que le mot a changé de place ou parce qu'un autre mot s'est assis comme un petit roi dans une phrase qui ne l'attendait pas et lui a obéi... Ils on l'ombre, la transparence, le poids, les plumes, le poil, ils ont tout ce qui s'est ajouté à eux à force de rouler dans la rivière, de changer de patrie, d'être des racines.. Ils sont à la fois très ancien et très nouveaux ... Ils vivent dans le cercueil caché et dans la fleur à peine née.. Oh! qu'elle est belle ma langue, oh! qu'il est beau, ce langage que nous avons hérité des conquistadores à l'oeil torve... Ils s'avançaient à grandes enjambées dans les terribles cordillères, dans les Amériques mal léchées, cherchant des pommes de terre, des saucisses, des haricots, du tabac noir, de l'or, du maïs, des oeufs sur le plat, avec cet appétit vorace qu'on n'a plus jamais revu sur cette terre... Ils avalaient tout, ces religions, ces pyramides, ces tribus, ces idolâtries pareilles à celles qu'ils apportaient dans leurs fontes immenses... Là où ils passaient, ils laissaient la terre dévastée... Mais il tombait des bottes de ces barbares, de leur barbe, de leurs heaumes, de leurs fers, comme des cailloux, les mots lumineux qui n'ont jamais cessé ici de scintiller... la langue. Nous avons perdu... Nous avons gagné... Ils emportèrent l'or et nous laissèrent l'or... Ils emportèrent tout et nous laissèrent tout.. Ils nous laissèrent les mots.

"Les mots" extrait de J'avoue que j'ai vécu, de Pablo Neruda.
Aujourd'hui j'avais prévu de parler de ce texte de Pablo Neruda sur la langue espagnole, cadeau des conquistadores à l'Amérique Latine. Un très beau texte qui montre qu'au delà des violences, crispations et rancoeurs qui accompagnent souvent les déplacements de populations, qu'il s'agisse de conquêtes, de conflits ou de migrations, les hommes mettent en circulation des cultures, des idées, "des bruits et des odeurs" j'ai envie de dire. Sur le long terme, les amertumes disparaissent peu à peu, l'héritage culturel demeure et parfois on oublie qu'il n'a pas toujours été là ou dans quelles circonstances il nous est parvenu.
Or, Télérama publie cette semaine un entretien avec le linguiste Louis-Jean Calvet, auteur de Linguistique et colonialisme.
Louis-Jean Calvet s'intéresse à l'usage du français en Afrique et plus particulièrement au Sénégal. Il arpente les marchés et écoute le "français sénégalisé". Il y a des gens qui ont un métier sympa. Parmi ses trouvailles: bécanerie (atelier de réparation des vélos), essencerie (station service), etc.
Le français est la langue officielle du Sénégal, mais seuls 20% des Sénégalais le parlent correctement. Le français n'est quasiment jamais parlé à la maison, les familles parlant plutôt wolof, serer ou mandingue. L'enseignement est dispensé en français, mais les instituteurs ont souvent un niveau assez faible. Dans ce cas, pourquoi maintenir le français comme langue officielle et lutter contre la progression du wolof, très largement parlé au Sénégal?
Louis-Jean Calvet estime que pour les Africains, le français est un peu un butin de guerre. Arrivé avec les colons, les Africains l'ont gardé et il permet aujourd'hui aux Sénégalais de ne pas choisir parmi les différentes langues nationales. Bien que mal pratiqué, le français constitue ainsi le socle commun pour communiquer. Les Sénégalais ne sont pas encore sûrs de ce que doit devenir leur nation, en conséquence le français est un bon compromis, il ne met en avant aucune ethnie.
Pour résumer, le français est un marqueur social fort qui distingue l'élite sénégalaise du reste de la population, mais il est aussi un unificateur national.
Le linguiste explique qu'une langue est toujours soumise à son environnement naturel, le français s'est donc naturellement acclimaté à l'Afrique et le français du Sénégal est devenu une langue en soi. "Les langues sont faites pour servir les êtres humains, pas l'inverse: si le français doit rester ici, ce sera donc comme une langue africaine - une langue africaine parmi d'autres".
Les colons ont amené le français, il est resté et a été adopté par les Africains qui en ont fait une autre langue. On pourrait continuer le cycle longtemps si on considère qu'avec l'immigration, les migrants ramènent en France à la fois ce français africanisé et leur propre langue dont nous absorbons également les mots. Mais pour aujourd'hui, ça suffira.

lundi 10 mai 2010

C'est lundi, c'est Rivoli (7)



C'est lundi...

En bonus, la destruction de la Tour Maroc, dans le 19ème arrondissement.
Bonne semaine.

jeudi 6 mai 2010

Hommage au juif errant


Sujet plus léger, encore que...
Aujourd'hui, je voudrais que l'on ait une pensée reconnaissante et émue pour le juif errant qui dans son très long parcours entre la Palestine antique et la rue des Rosiers a pris le temps de noter la recette du gâteau au fromage blanc, quelque part du côté de la Pologne ou de la Russie.
 

lundi 3 mai 2010

L'OFII c'est pas welcome




Le respect du droit d'asile implique un respect des conditions d'examen de la demande d'asile, mais également la garantie d'un accès équitable et réel aux droits sociaux garantis aux demandeurs d'asile par les conventions internationales et les directives européennes relatives à l'accueil des demandeurs d'asile. L'offre d'hébergement fait partie de ces droits.
En France, environ 25 % des demandeurs d'asile n'ont pas accès à ce droit parce que leur demande est considérée comme un abus de la procédure ( parce qu'ils ont déjà déposé plusieurs demandes d'asile, ou parce qu'ils viennent d'un pays considéré comme sûr, par exemple). Parmi les 75 % restant, ceux qui ont demandé à bénéficier d'un hébergement en centre d'accueil attendent souvent plusieurs mois avant de se voir proposer une place.
En attendant d'être hébergés en CADA, certains vivent chez des compatriotes, d'autres sont pris en charge dans le système d'urgence, système qui est déjà complètement engorgé, très coûteux et qui ne permet pas de se projeter dans le temps. D'autres enfin, dorment dans les gares, les squares, etc.
Aujourd'hui, des associations ont organisé une mobilisation devant l'OFII (Office français de l'immigration et de l'intégration) pour demander la création de nouvelles places en centres d'accueil. Le gouvernement a déjà crée des milliers de place en CADA au cours des années 2000, mais la situation en Ile-de-France reste très critique.

C'est lundi, c'est Rivoli (6)

C'est lundi, bonne semaine.