vendredi 30 avril 2010

Où il est question de mode










Je trouve que certaines tenues traditionnelles africaines confèrent une démarche et un port de tête d'une grande élégance.

mardi 27 avril 2010

Un peu de recul

Monument en hommage à la mission Congo, Bois de Vincennes

Certaines de mes récentes lectures ont une résonance intéressante avec l'actualité relative aux pratiques sociales et sexuelles des Nantais...
Dans le cadre du colloque "Histoire et immigration: la question coloniale" qui s'est tenu à la Cité nationale de l'histoire de l'immigration en Septembre 2006, Philippe Rygiel s'interrogeait sur l'utilisation de représentations genrées dans le discours et l'imaginaire colonial.
L'historien soulignait que la volonté de domination s'exprimait souvent en empruntant la grammaire des rapports de genre, ainsi que l'on peut l'observer dans les situations coloniales et post coloniales, mais également dans d'autres contextes, tels que dans celui de la lutte des classes au 19ème siècle. En effet, Philippe Rygiel rappelle que l'idéologie alors dominante mettait en doute la capacité des prolétaires à être pleinement hommes, tandis que la moralité de leurs femmes et soeurs était souvent suspecte. Ainsi, le migrant (ancien colonisé) était souvent décrit en France (ainsi que dans les autres pays d'immigration) comme un être dévirilisé, ou au contraire, incapable de maitriser ses pulsions. Quant aux femmes migrantes, elles étaient dépeintes comme "prisonnières de traditions aliénantes, soumises à la dictature de l’immémorial, ou des corps et mœurs". Ces discours mettaient en évidence l'inadaptabilité de ces hommes, aussi bien que de ces femmes, à une société civilisée.
L'intervention de l'anthropologue et sociologue Catherine Quiminal lors de ce colloque me semble également apporter un éclairage intéressant aux débats actuels sur la polygamie et le port du voile/du niqab.
Elle met en évidence l'importance de la question des femmes dans le contexte colonial. Dans un premier temps, les femmes (colonisées) faisaient partie de la conquête au même titre que la terre. De nombreux colons se sont appropriés des femmes, avec parfois beaucoup de violence, et ont contracté des unions "à la mode du pays", donnant naissance à des enfants métisses. A partir de la Première guerre mondiale, les femmes françaises, épouses légitimes des colons, ont commencé à suivre leur mari dans les colonies. Cette présence féminine a alors été considérée comme salutaire, d'une part pour les colons qui retrouvaient un peu de moralité et de stabilité familiale, d'autre part pour les populations indigènes qui se voyaient ainsi proposer un modèle familial compatible avec celui de la métropole, modèle qu'ils étaient invités à imiter.
Catherine Quiminal explique que les autorités françaises ont toujours hésité entre un respect des droits coutumiers, c'est-à-dire des pratiques locales et l'imposition de règles conformes à l'Etat civil. Ainsi, en ce qui concernait les unions entre indigènes, les autorités françaises avaient fait le choix de reconnaître les règles coutumières, tout en les critiquant. Les populations indigènes, en l'occurrence les Africains, étaient quant à elles conscientes (pour ce qui est des hommes) de l'importance de conserver les formes d'alliance traditionnelles, fondement du peu de pouvoir qu'il leur restait, un pouvoir hiérarchisé et patriarcal.
Etrangement, la dépendance des femmes vis-à-vis des hommes, qui ne dérangeait pas outre mesure les colons, était vivement critiquée dans le cas des unions indigènes (cette fameuse histoire de la paille et de la poutre...). L'Eglise, notamment, prônait le consentement mutuel, l'interdiction de la répudiation et de la polygamie.
Catherine Quiminal explique que la polygamie, plus que toute autre pratique, a été utilisée dans le discours colonial. Seulement, les critiques à l'égard de cette pratique ne visaient pas tant à mettre fin à une situation d'inégalité, qu'à souligner, par le biais de l'oppression des femmes, l'infériorité et la différence irrémédiables des peuples colonisés.
Parmi les arguments qui sont alors développés contre la polygamie, on peut entendre que celle-ci nuit à la reproduction de la race et de la population (la France a alors un grand besoin de main d'oeuvre) ou qu'elle permet aux hommes de vivre pleinement leur oisiveté en ayant à leur disposition plusieurs femmes pour s'occuper des travaux domestiques et agricoles (au passage on notera l'évolution des arguments contre la polygamie, ces derniers ayant l'air aujourd'hui totalement désuets).
Voici ce qu'on pouvait lire dans le Courrier colonial le 11 juillet 1924: « La polygamie est une forme d’exploitation des femmes chez ces peuplades primitives…Même esclaves, les hommes travaillent le moins possible, le nègre cultivateur a donc constitué non des harems, ô poésie ( !) mais des troupeaux de femmes, au moyen de mariages multiples ».
Ces dernières décennies, la polygamie a continué d'être régulièrement l'objet d'une forte médiatisation, cependant elle n'a été encadrée par la loi que récemment. Légiférer sur la polygamie est apparu comme une nécessité au moment de l'arrêt de l'immigration de travail, le regroupement familial devenant alors la principale voie d'immigration en France. En 1993, la loi Pasqua a interdit le regroupement familial polygamique afin de réduire l'immigration.
Ainsi, la législation relative à la polygamie visait à réduire l'immigration et non à mettre fin à une situation inégalitaire pour les femmes.
Philippe Rygiel et Catherine Quiminal mettent tous les deux en évidence que d'une certaine façon, la question du genre, les relations hommes-femmes, ont toujours fait partie du discours colonial puis du discours sur l'immigration, que ceux-ci ont pu être le vecteur de politiques de domination et d'un certain racisme. Pour ce qui est de la polygamie en particulier, Catherine Quiminal estime que sa mise en avant est un moyen de stigmatisation des Africains d'autant plus pervers qu'il nous est difficile, à nous Européens, de la défendre, dans la mesure où il s'agit d'une relation inégalitaire d'un homme sur ses épouses. Et effectivement, on voit à quel point il est difficile aujourd'hui pour les différents acteurs concernés de se prononcer à ce sujet.
Depuis que j'ai lu ces textes, je m'interroge. Quelle est la part de l'enjeu féministe dans la polémique actuelle?
Sources: Histoire de l’immigration et question coloniale en France, Sous la direction de Nancy L. Green et Marie Poinsot, La documentation française, 2008.

lundi 26 avril 2010

C'est lundi, c'est Rivoli (5)


Allez hop, c'est lundi, deux d'un coup...

vendredi 23 avril 2010

mercredi 21 avril 2010

Madame Bâ

On reste encore un peu en Afrique où l'on retrouve Marguerite Bâ et son sublime mari Peul sur les rives du fleuve Sénégal, au Mali.
Madame Bâ remplit le formulaire de demande de visa pour la France parce qu'elle doit partir retrouver Michel, son petit-fils préféré, qui est parti en France, par l'odeur du football alléché. Mais Madame Bâ a une façon assez personnelle de remplir le formulaire 13-0021 et chaque question lui donne l'occasion d'évoquer avec moult détails son enfance, le Mali, la rencontre avec son mari Peul, la personnalité de ses huit enfants, tous frappés par la "maladie de la boussole" qui pousse tant de Maliens sur les routes de l'Europe.
Madame Bâ n'est pas l'oeuvre d'une femme, ni d'un Africain, il s'agit du travail purement littéraire et imaginaire d'Erik Orsenna. Malgré tout, cela fait du bien d'envisager l'immigration du point de vue du "Sud", au niveau strictement individuel et personnel. Erik Orsenna nous invite à imaginer tout ce qui a constitué la vie d'un migrant avant qu'il ne demande son visa au Consulat de Bamako. Bref, un roman léger et drôle, qu'il ne faut pas prendre au pied de la lettre.

Erik Orsenna, Madame Bâ, Fayard/Stock, 2003.

lundi 19 avril 2010

C'est lundi, c'est Rivoli (4)

Il y a quelques mois je soulignais mon ignorance de l'histoire de l'Afrique subsaharienne, globalement méconnue. Arte a décidé de prendre les choses en main et consacre quatre émissions aux Royaumes d'Afrique (encore visibles sur le site d'Arte pour quelques jours). Il y est notamment question de la Nubie tant convoitée par les pharaons égyptiens, du Zimbabwe sous le règne du puissant Bantou Monomopata, de la civilisation Dogon et des églises troglodytes de Lalibela...

samedi 17 avril 2010

Kristallnacht

mercredi 14 avril 2010

Radical Jewish Culture


Le Musée d'art et d'histoire du judaisme est un de mes musées préférés, la programmation est toujours intéressante et les expositions souvent très intelligentes.
Face à la diversité des supports et des artistes présentés, on peut se demander ce qui constitue l'art juif et comment le définir. Tout art crée par un artiste juif relève t-il nécessairement de l'art ou de la culture juive? Quelle est la part de l'influence juive dans l'oeuvre d'un artiste qui est par ailleurs influencé par une époque, un lieu, etc? Il est d'autant plus légitime de s'interroger sur la réalité d'une culture spécifiquement juive que la diaspora juive est particulièrement ancienne et éclatée. Le MAHJ ne nie pas ces interrogations, elles sont d'ailleurs centrales dans l'exposition Radical Jewish Culture actuellement présentée.





La Radical Jewish Culture est une mouvance musicale qui s'est développée à New York dans les années 1980-1990, faisant suite à la redécouverte du répertoire des musiques juives populaires, notamment du Klezmer d'Europe Orientale, par des musiciens juifs new yorkais proches des scènes rock, punk et jazz dans les années 1970-1980.

Le saxophoniste et compositeur John Zorn est une des figures majeures de ce mouvement, il a notamment imaginé le programme du "Festival for New Radical Jewish Music" qui s'est tenu à Munich en 1992. Il y avait alors présenté la pièce "Kristallnacht" qui mêlait le free jazz, le klezmer, des bribes de discours d'Hitler, ainsi que des bruits de vitres brisées, une pièce volontairement difficile à écouter.

Les influences de la Radical Jewish Music sont à la fois juives, en particulier yiddish, et américaines (influence de la Beat generation et du rock alternatif notamment). Les interrogations sur ce qu'est la musique juive contemporaine et sur ce que dit la musique que l'on joue de nos origines et de notre expérience de vie, sont récurrentes dans le mouvement.

Marc Ribot, musicien américain, déclarait en 1996 que la volonté de subversion du festival de Munich s'inscrivait dans l'histoire de la subversion punk/rock qui remet en cause le discours dominant. Cette posture punk/juif ne pouvait naître, selon lui, que dans une communauté dont l'existence est niée. Donc, la New Radical Jewish Music, au delà même de l'influence des vieux répertoires populaires juifs, est éminemment juive de par la subversion et la contestation qu'elle véhicule. Donc tous les juifs sont un peu punks, j'aime bien l'idée.

Je termine avec une citation du philosophe juif Gershom Scholem, présentée dans l'exposition:

"Il existe aussi une vie de la tradition qui ne consiste pas spécialement dans la préservation conservatrice, dans la propagation permanente des acquis spirituels et culturels d'une communauté. La tradition est également autre chose. Certains de ses domaines sont dissimulés dans les décombres des siècles et attendent d'être découverts et réactualisés. La tradition s'apparente à une sorte de chasse au trésor et cette quête crée une relation vivante à laquelle on doit une large part de ce qu'il y a de meilleur dans la conscience juive actuelle, même lorsqu'elle s'est développée et continue de le faire hors du cadre de l'orthodoxie" (1969).

Et bien sûr, j'ai oublié de le souligner, la Jewish Radical Music est assez géniale. Une série de concerts est programmée à l'auditorium du MAHJ, dont celui de David Krakauer et Anthony Coleman le 18 avril et celui de John Zorn, Trevor Dunn et Joey Baron le 16 mai.

John Zorn (crédit photo: google image)

Exposition du 9 avril au 18 juillet 2010 au MAHJ, 71 rue du Temple, 75003 Paris.


lundi 12 avril 2010

jeudi 8 avril 2010

Château d'eau, Paris 10ème










Non, sérieusement, à part dans le 10ème arrondissement de Paris, où peut-on manger les meilleures soupes de tripes à la turque ET avoir le plus grand choix de postiches, mèches ondulées et gaufrées spéciales tresses?

lundi 5 avril 2010

vendredi 2 avril 2010

Jour de marché à Barbès









Quand je vivais au Maroc, on me demandait souvent d'où je venais. Quand je répondais Paris, une fois sur deux mon interlocuteur s'exclamait: "Ah, Paris je connais ... Barbès!"
Il y a tellement de monde sur ce marché connu jusque dans la medina de Rabat qu'il déborde dans le métro.