Il y a quelques années, j'ai eu l'occasion d'assister à une conférence de Robin Cohen qui enseigne la sociologie à l'Université d'Oxford et de Warwick. Robin Cohen a consacré une partie de ses recherches aux diasporas et au cosmopolitisme. Voici ce qu'il nous dit:
La globalisation économique et financière s'accompagne de plusieurs formes de globalisation des cultures moins visibles. Il est désormais difficile de localiser une culture car celle-ci n'est plus matérielle et géographique, mais au contraire déterritorialisée. Face à cette globalisation, les recherches se sont concentrées sur trois paradigmes analytiques:
- l'inévitabilité des conflits et le fameux choc des civilisations défendu par Samuel Huntington
- la "macdonaldisation" du monde, c'est-à-dire l'homogénéisation des cultures
- la créolisation du monde, développée par Robin Cohen
La créolisation du monde remettrait en cause les concepts d'éthnie ou de communauté puisque de plus en plus de personnes présentent un héritage culturel mixte.
Je sens déjà que vous vous interrogez à ce stade de la réflexion, diaspora et créolisation sont-ils des concepts opposés? Dans une certaine mesure, oui, mais bien sûr il y a des recoupements. Robin Cohen définit la diaspora comme un processus qui implique la recherche d'une identité passée, tandis que la créolisation est une entreprise créative qui donne naissance à une nouvelle culture et à une nouvelle identité sociale. Cependant, il est intéressant de noter que dans certaines situations, des populations créoles ont formé une diaspora, comme les Mauriciens en Australie par exemple.
La créolisation ne concerne pas vraiment un groupe, mais se constitue davantage comme un ensemble de consciences individuelles. Ce phénomène est difficilement mesurable et demeure pour l'instant essentiellement urbain. Mais Robin Cohen voit dans la créolisation du monde un processus de pacification des relations internationales.